Maradona versus Tyson : le choc des réals

Posté par MpM, le 3 juin 2008

Maradona et KusturicaPour quelle personnalité s’est-on le plus empressé, piétiné, quasi étripé cette année à Cannes ? Angelina Jolie ? Robert de Niro ? Wong Kar Wai ? Vous n’y êtes pas. Les grandes vedettes 2008 étaient plutôt des habitués des stades que des avant-premières, de la sueur et du sang que des paillettes. A ma droite, Diego Maradona, icône mondiale du foot, champion du monde avec l’Argentine en 1986. A ma gauche, Mike Tyson, surnommé « l’homme le plus méchant de la planète », double champion du monde de boxe catégorie poids lourds. Chacun d’entre eux venu défendre un documentaire lui étant consacré : Maradona by Kusturica d’Emir Kusturica pour l’Argentin et Tyson de James Toback pour l’Américain.

Deux ans après la présentation hors compétition du Zidane, un portrait du 21ème siècle de Philippe Parreno et Douglas Gordon, la tendance serait donc revenue aux gros muscles glamours (après celle des acteurs, mannequins et autres participants des émissions de télé-réalité) et aux films à caractère sportif. Pas si étonnant quand on analyse le potentiel cinématographique de destins comme ceux du footballeur prodige guidé par la main de Dieu et du boxeur virtuose capable de mettre KO le diable lui-même. Lorsque la réalité dépasse la fiction et qu’il s’agit de sports susceptibles de fédérer des millions de personnes sur la planète… pourquoi se priver ?

Et les films dans tout ça ? D’un côté comme de l’autre, les réalisateurs ont tenu à éviter le biopic traditionnel, Toback en privilégiant la parole de son personnage (qui se raconte face caméra), Kusturica en se mettant lui-même en scène (à l’écran et dans un monologue incessant en voix-off). Si le film du Serbe mérite son titre (Kusturica y donne un point de vue éminemment personnel sur Maradona), celui de l’Américain aurait pu s’appeler Tyson by Tyson, tant le souci du réalisateur semble avoir été d’accoucher la parole du boxeur. Toback, en effet, n’a pas de message à délivrer : il se contente de montrer, d’écouter et de relier entre eux les points livrés par Tyson. Même s’il nous en apprend long sur sa personnalité, ses doutes et ses démons, son portrait peut sembler en creux. Kusturica, lui, ne nous apprend rien, mais avec flamme et passion. Il dessine à grands traits approximatifs une image multiple de Maradona : révolutionnaire, musicien, Dieu vivant, stratège politique… tout sauf footballeur, et tente de recréer à l’écran le fantasme qu’il porte en lui. Son projet était certainement plus artistique que celui de Toback (à qui il manque indéniablement une vision susceptible de donner de la chair et de la vie à son documentaire), et c’est pourquoi la vacuité de son film déçoit autant. Les grands destins et les petits miracles du sport sont finalement plus difficiles à retranscrire au cinéma qu’ailleurs, de par leur alchimie unique et inimitable. A la moindre erreur de proportions, on tombe soit dans la démesure risible, soit dans l’académisme ennuyeux.

Woodstock made in China

Posté par vincy, le 3 juin 2008

Il ne faut pas s'étonner : Ang Lee aime les mythes. Et particulièrement ceux qui tournent autour d'une rupture historique ou sociologique.

Après deux Lions d'or consécutifs, un immense succès occidental (Brokeback Mountain) et chinois (Lust, Caution, 3e plus gros hit du pays en 2007), Ang Lee s'attaque au Festival le plus emblématique des années 60 avec Taking Woodstock, adapté de l'essai autobiographique de Elliot Tiber. Le livre n'est pas un best-seller (à peine 3 000 vente aux USA, pas encore traduit en France), mais l'histoire et la forme narrative ont fasciné le cinéaste. L'édition poche sortira pour les 40 ans de Woodstock, simultanément avec le film. De quoi booster les ventes.

Le script est écrit par James Schamus, auteur de tous les scénarii de Lee.

Super-héros Movie manque de muscles

Posté par Claire Fayau, le 3 juin 2008

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Synopsis: Lycéen timide et mal dans sa peau, Rick Ricker vit avec son oncle et sa tante depuis que ses parents ont été tués. Il est secrètement amoureux de la ravissante Jill Johnson qui, pour son malheur, a déjà un petit copain. Pendant la visite scolaire d'un laboratoire de recherche, Rick est piqué par une libellule génétiquement modifiée. Peu à peu, alors qu'il voit ses forces décuplées, il comprend qu'il est désormais pourvu de super-pouvoirs. Après s'être fabriqué un costume, il adopte sa nouvelle identité : La Libellule. Mais il lui faudra affronter un redoutable ennemi, Le Sablier, déterminé à anéantir tous ceux qui l'approchent...

Critique: C’est bientôt l’été, la fin des examens… Le collégien /lycéen/étudiant en a marre de ses cahiers et veut se vider le cerveau avec un film à haute valeur décérébrée. Cela tombe bien : Super-héros movie est là ! Imaginez ce dialogue légendaire :

"-De grands pouvoirs impliquent de grandes….aaaaah....

-Essaie de respirer !

-J’essaie ! C’est juste que tu es assis sur mes couilles !"

Les "djeunz" sont le coeur de cible du film. La blonde a une grosse poitrine, le héros un peu ringard en est resté au slip kangourou. Cette histoire rappelle Spiderman (le 1), mais l’homme araignée est transformé en homme libellule un peu raté. L'affiche dit tout : le pop-corn à consommer absolument pour faire plaisir aux exploitants, Pamela Anderson (kleenex non inclus pour les jeunes mâles), des faux X-Men (en moins beaux).

Alors "faut pas nous la faire". Nous aussi on connaît les X-men et les Batman (les anciens) et même Daredevil ! Ils prennent de la place sur l'affiche mais occupent à peine trente secondes à l’écran… Ils ont juste revisité l’histoire de Dragonfly, l’homme libellule qui, tel une chenille, deviendra papillon et finira par voler de ses propres ailes (belle métaphore de l’adolescence, non?).

La bande annonce réserve les moments les plus drôles, avec, notamment, l'inépuisable et immortel leslie Nielsen (et son pistolet à clous). Mais la plupart des gags tombent à plat, ne gérant pas la surdose et la surenchère inutiles.

Morale de l'histoire : Ne vous fiez pas au marketing, ou contentez-vous en (affiche + bande annonce suffisent). De plus, Marvel devrait leur faire un procès tant le film insulte ses icônes. Heureusement, Batman (le vrai) revient en août.