Game in Thailand & Cottage in U.K.

Posté par denis, le 8 avril 2008

Le déferlement des productions fantastiques asiatiques au BIFFF est tel qu’il est maintenant habituel de redouter le pire, entre l’énième film de fantômes, de malédictions, ou d’horror-action mou du genou. D’autant plus que la Thaïlande n’est pas réputé pour son panel cinématographique exportable (si ce n’est un Ong Bak renvoyant Van Damme jouer avec ses petits soldats ou un Tropical malady enchanteur pas sa poésie naturaliste). Et à la vision de 13 Beloved, on ne peut que faire la révérence devant ce thriller psychologique et manipulateur, empruntant tout autant à The Game et à Saw et ne lâchant pas son spectateur jusqu’à la dernière seconde pour une conclusion malheureusement bien contemporaine. Un pauvre quidam a qui rien ne réussit se voit proposer un jeu en 13 épreuves qui, s’il parvient à les franchir, le rendront riche. A lui de savoir s’il acceptera de jouer jusqu’au bout. Si ce pitch n’a rien de très original, le traitement thématique quant à lui se démarque par un comique de situation parfois irrésistible entrecoupé de réflexions sur la place de l’homme dans cette société capitaliste. Est-ce que tout est consommable, que vaut l’homme dans une époque où le divertissement peut devenir meurtrier pour le simple plaisir du jeu (cette thématique fut abordé brillamment dans Le prix du danger et son remake Running man) sont des questions revenant sans cesse au fil des épreuves subies par le héros. Seront aussi égrenés des thèmes comme l’abandon des personnes âgées, la violence urbaine, le voyeurisme. Bref, c’est un portrait bien noir du monde que brosse le jeune réalisateur, mis en image avec intelligence, humour et énergie, et dont le savant mélange rend d’autant plus percutant le propos ( les scènes gores désamorcent d’ailleurs à chaque fois la noirceur du propos). Et le final, sans être un banal twist, débouche sur une morale imparable. 13 Beloved aurait donc beaucoup de chose à apprendre à de nombreuses productions occidentales ultra-balisées et codifiées. Que dire de plus, si ce n’est de lui souhaiter un distributeur français avant que les américains s’en emparent pour encore une fois en faire un remake.

Autre style plus léger mais versant avec allégresse dans les tripailles, The cottage est un film anglais appartenant au genre de la comédie horrifique qui, depuis le succès de Shaun of the dead, est de nouveau bien accueilli par les producteurs et le public. Et comme son aîné ou Severance, The cottage ne se veut rien d’autre qu’un hommage au genre, instillant ici où la des dialogues ciselées et des situations rocambolesques pour justement sortir du genre. Ainsi Shaun of the dead est initialement un film de zombies, Severance un survival, et The cottage un film de gangster. Sauf lorsqu’un fermier psychopathe se met en colère et décime tous ces intrus qui n’ont rien à faire en pleine campagne. Equilibrant parfaitement les ambiances, Paul Andrew Williams réussit un patchwork tout ce qu’il y a de plus réjouissant grâce au traitement de ses personnages et aux liens les unissant. L’humour reposera pour beaucoup sur la relation fraternelle, et les acteurs sont tous suffisamment pittoresques pour que leurs personnages ne soient jamais pris au sérieux. Et c’est après avoir décrédibilisé la pseudo tension du début du métrage que le réalisateur fait verser The cottage dans le gore horrifique avec ce mutant attardé découpant tout ce qui lui tombe sous la main. Le film ne fait pas peur, ce n’est pas le but, mais amuse énormément grâce à cet esprit B loufoque qui ne se prend pas au sérieux. Rire de bon cœur ...