8 millions de ch’tis, émoi, et pas moi?

Posté par vincy, le 10 mars 2008

J'avoue : je ne l'ai toujours pas vu. Je ne suis pas certain de vouloir voir Bienvenue chez les Ch'tis. Dans sa critique sur Ecran Noir, Karine, qui a si bon goût, a trouvé le temps long avec ce sketche étiré. Sur Facebook, notre cher illustrateur Petsss n'a pas perdu de son mordant : " Comedie pitoyable que meme Francis Veber aurait du mal a s'autoriser a ecrire. Ce film semble sortir tout droit de la vieille France des annees 60. Peu valorisant pour vendre une région qui vaut certainement mieux que ce naufrage. Qui peut croire encore que Lille est une ville d'arrierés? De qui se moque t-on? Convenu (bien que voulant donner des leçons), lourd et naif. "

Toujours est-il que de Monaco à Bondy, de Lille aux MK 2 parisiens, la comédie de Dany Boon a déjà attiré 8,2 millions de spectateurs en 20 jours. Assuré de passer le cap des 10, le score final pourrait frôler celui de La grande vadrouille et ses 17 millions d'entrée. Le phénomène de cette petite vadrouille entre corniauds (Merad/De Funès, Boon/Bourvil) est désormais bien ancré : visites touristiques du village, expressions ch'tis dans les journaux...

Ne nous plaignons pas : si Astérix avait fait ce carton, on serait peut-être obligé de se mettre au grec ancien.

La Cité Ciné de Besson made in 9-3

Posté par geoffroy, le 10 mars 2008

Fidèle à sa réputation, Luc Besson a présenté le 7 février dernier sa future Cité du Cinéma aux riverains de Seine Saint-Denis. Ce n’est que le 29 février, soit trois semaines plus tard, qu’il a montré à une quinzaine de journalistes l’état d’avancement du chantier de cette cité européenne installée sur le site de l’ancienne centrale thermique d’EDF dans le quartier Pleyel à Saint-Denis.

Patrimoine industriel précieux laissé à l’abandon depuis de nombreuses années, la reconversion du site en un vaste projet économique consacré à la fabrication de films, s’il inquiète légitimement les riverains, ne fait que prolonger l’aspect dynamique d’une commune qui investit sur l’avenir. Entièrement réaménagé, les travaux pilotés par l’architecte Philippe Robert qui ont pris du retard pour cause de dépollution du sol, s’attacheront à conserver le patrimoine industriel Art Déco en réhabilitant la centrale de 1933. Situé à quelques minutes de paris, le site offre donc une proximité de tournage très rentable, une valorisation du territoire et des retombées économiques locales substantielles.

Projet ambitieux de 130 millions d’euros, le site s’étend sur 6,5 hectares et doit réunir en un lieu unique tous les intervenants dans la fabrication d’un film, de l’écriture au montage. Neuf plateaux de tournage répartis sur 13 000 m² sont prévus, ainsi que des ateliers de fabrication des décors, de stockage du matériel, des locaux d’activité, 30 000 m² de bureaux, des boutiques et même des restaurants. Complexe entièrement autonome, pratique et technologiquement avancé, il sera financé exclusivement par des investisseurs privés. La Cité du Cinéma qui n’appartiendra pas à EuropaCorp (seulement locataire des bureaux) prendra, « peut être », une participation dans les studios.

Drainant des milliers d’emplois, l’industrie cinématographique française est le premier producteur de films en Europe avec plus de 200 films produits par an. Deuxième investisseur au monde derrière les américains, la France contrairement à la Grande-Bretagne (Pinewood), l’Italie (Cinecittà), l’Allemagne (Babelsberg) et la République Tchèque (Barrandov), ne possède plus de studios depuis les années 60. Le but avoué de Luc Besson est de dynamiser un secteur pour le rendre plus autonome et permettre ainsi une relocalisation de l’activité tout en attirant des productions étrangères.

Le pari est risqué car la concurrence entre les différents grands studios européens fait rage. Signe de cette réalité économique, seuls deux studios en Europe feraient des profits depuis une dizaine d’années (Pinewood en Angleterre et Barrandov à Prague). Comme l’explique Thierry Potok, patron de Vivendi Allemagne, qui dirige également les studios Babelsberg « Il y a 3 à 4 fois trop de plateaux de tournage en Allemagne, et plus généralement en Europe, ce qui conduit à une concurrence sauvage et explique que la quasi-totalité des exploitants de studios génèrent des pertes. Autre fait qui a son importance. Il est toujours plus rentable de tourner à Prague qu’en France, en Grande Bretagne ou en Allemagne, en particulier lorsqu’il s’agit de films épiques. En somme, plus on va à l’est, plus les prix baissent.

Conscient des difficultés à venir, Besson, pourtant peu amène en ce qui concerne les questions de politiques publiques, n’est pas contre l’instauration d’un crédit d’impôt international – mesure fiscale attractive pour les producteurs étrangers – comme il en existe presque partout en Europe. Claironnant que ce « qu’il aime, c’est faire », sa société EuropaCorp tournera vraisemblablement le tout premier film courant 2010 (année d’ouverture si les travaux ne prennent aucun retard)) afin d’y « essuyer les premiers plâtres ».