Les César de la dissension

Posté par vincy, le 22 février 2008, dans Prix.

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Passage obligé dans tous les pays, les professionnels votent pour élire les meilleurs d'entre eux. La graine et le mulet, Prix Louis-Delluc, meilleur film selon les journalistes français, primé à Venise, semble favori. Même les exploitants en ont fait leur chouchou. Comme pour les Etoiles d'or, il a récolté quatre titres (les mêmes : film, réalisateur, scénario, espoir féminin). De même Persépolis semble être, pour les exploitants aussi, le meilleur premier film français. 236 responsables de salles ont pris part au vote.

Soit à peine plus que les 200 cinémas indépendants qui s'apprêtent à suspendre leur séance de ce vendredi soir, au moment de la soirée des César. Rideau et écran noir. Cette manifestation vise à exprimer le mal être et les inquiétudes d'une filière de plus en plus fragile et dont la politique publique semble friable. En jeu : la baisse fort probable des crédits alloués par les Directions Régionales des Affaires Culturelles. Laurent Delmas (France Inter) ne disait pas autre chose lors de la soirée des Etoiles d'or. "Certaines mesures récentes risquent de mettre en péril les actions décentralisées" que mènent les festivals. Un festival ce n'est pas seulement un caprice cinéphilique d'un maire, mais avant tout une action culturelle, intégrant le jeune public, les populations défavorisées, mélangeant l'éducation à la culture. Rendre vulnérable ces festivals (nombreux sont ceux qui doivent réduire la voilure cette année), c'est aussi un danger pour le patrimoine cinéphilique. Ces baisses de crédits contredisent la politique du Président de la République dans les deux cas - la pédagogie et le patrimoine . Le patrimoine, et les valeurs de la France, sont un slogan répété en permanence. L'éducation culturelle est au coeur de son programme électoral (qui proposait même d'intégrer le ministère de la Culture à celui de l'Education nationale) ; une mission a d'ailleurs été assignée à Eric Gross pour faire des propositions en ce sens.

Ce travail d'éducation à l'image est essentiel à une époque où tout est images. Cette diffusion "désintéressée financièrement" est indispensable pour que le 7e Art ne soit pas monopolisé par les multiplexes. Des petites salles encerclées par des grosses usines à pop corn, des festivals locaux qui perdent leur soutien budgétaire. Là encore les plus précaires trinquent.

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