LOUIS DE FUNES

IL ÉTAIT UNE FOIS SERGIO LEONE




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 (c) Ecran Noir 96 - 24


Octobre 2010

MOEBIUS TRANSE-FORME
Les abysses imaginaires

Fondation Cartier (Paris 14e)
12 octobre 2010 - 13 mars 2011
Catalogue de l'exposition 49 euros
Coloriages avec Moebius 6,5 euros
Plusieurs objets inédits vendus à la librairie de la Fondation
Signature de Jean Giraud le 30 novembre 2010

La Fondation Cartier passe du poète farfelu Takeshi Kitano au dessinateur fantastique Jean Giraud. Alias Gir. Ou plus connu sous le nom de Moebius. L’exposition Transe-Forme révèle l’absence de frontières entre ses planches de BD, ses cahiers d’écriture, ses envies de cinéma, bref entre le rêve et une certaine réalité absurde, entre un art classique, parfois puisé dans le cinéma, et un désir de métamorphoser son propre dessin.

Impossible de ne pas voir l’ombre des grands Westerns dans Blueberry. Mais tout aussi impossible de ne pas voir dans ses fantasmes de science-fiction, l’influence sur des génies comme Hayao Miyazaki.
Ce spécialiste de l’anamorphose et de l’hybridation génétique a travaillé sur Willow, Tron, Abyss, et Le Cinquième élément. Inventeur d’univers. L’exposition en dévoile les multiples facettes, du bestiaire original aux illustrations de nos inconscients.

Au premier étage, les planches se succèdent les unes aux autres, dans un joyeux désordre chronologique. Tous les personnages – Blueberry, Arzach, le Major Grubert, John Difool, Stel et Atan – sont présents. Esquissés, gribouillés, en cours de fabrication. Les scénarios sont d’abord écrits sur de petits carnets, puis un storyboard est brouillonné, avant que les cases, les perspectives, les angles, les dialogues ne prennent leur forme définitive, souvent plus épurée.

Ce dialogue avec l’imaginaire qui nous amène aux sources de la création ressemble beaucoup aux méthodes de travail des films de science-fiction ou des dessins animés. Giraud apporte un soin particulier aux décors, et aux détails. C’est un travail d’observation avant que l’imagination ne prenne le pouvoir. Celle-ci se transforme dans des scènes de méditation, des perceptions hallucinées. Le chamanisme comme l’envoûtement nous entrainent dans un monde parallèle. Plus rien n’est vraiment rationnel, logique.

Au sous-sol, Moebius est muséifié. Ces dessins se dressent jusqu’au plafond. Des animaux se voient encadrés comme on met des insectes sous verre. Ces vaisseaux viennent chercher la lumière pour se mettre en relief. L’art de rêver, de Carlos Casteneda, trouve ici sa plus belle illustration. L’irréel éclot au milieu d’un Eden où les hommes et les femmes sont indéterminés. Tellement hanté par ses « poulpes » et ses « magmas » en perpétuels mouvements, Moebius rend la bande dessinée comme une histoire animée par ses créatures et leurs gestes. Le dessin animé à plat.

La visite se conclut avec un court métrage animé en relief. La Planète Encore, avec Stel Atan qui redonnent vie à une planète à travers une transe musicale. Une synthèse en images où notre inconscient est invité à divaguer et ne plus s’attacher au monde extérieur. Prometteur.

- aristo-fan    


La Fondation Cartier  - Moebius