LOUIS DE FUNES

IL ÉTAIT UNE FOIS SERGIO LEONE




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Décembre 2008

PETITS POISONS
Au nom du père

Petits poisons, de Stanislas Merhar
éd. Fayard, paru le 22 octobre 2008

Souvent les (auto)biographies sont ratées. Ces derniers temps, on a apprécié les carnets de tournage de Catherine Deneuve ou les mémoires de Françoise Hardy. Pour le reste, souvent, le traitement est une forme de mauvais journaliste, obcène, zoomant sur les détails de la vie privée, refusant l’analyse d’un travail, préférant le mirage de la célébrité au vrais visages de la personnalité.
En écrivant son récit, Stanislas Merhar, jeune comédien doué du ciné français, reconnu pour cette incandescence physique et sa sentimentalité à fleur de peau, a joué à l’artisan littéraire. Des mots qui s’entrechoquent, des pensées bricolées, du ressenti plein les mains, et des hantises, ces petits poisons, qui coulent dans les veines, dans l’encre.
Petits Poisons est bien l’histoire de sa vie. Parfois romancé par pudeur, parfois ben réelle dans la souffrance. L’itinéraire d’un voyou gâté : doué en piano, mais pas trop, habile en menuiserie et encadrement, mais sans plus, chanceux d’avoir croisé l’itinéraire d’un agent de cinéma… La fatalité d’un gamin qui a perdu son père sans explications. D’un jeune homme passionnément, jalousement, possessivement amoureux de ses femmes, futiles, belles, entières, invivables, comme lui. D’un garçon que le passé accable et le voûte du poids des erreurs humaines, et qui s’empêche de se propulser en avant.
Empoisonné à petites doses – un père qui se suicide, un amour qui le dévore, une musique qui l’aliène, des racines slaves qui l’enchaînent – Stanislas Mehrar démontre avec une folie maîtrisée par quoi il est rongé. Le cinéma n’est qu’un élément extérieur ; il l’utilise pour afire son cinéma, lors d’une séquence qu’il n’a pas vécu. Le vécu il le raconte en roman. Pas en images.
Cette indiscrétion qui nous fait pénétrer dans son intimité. Pas l’intimité indécente des gens qui n’ont rien d’autre à exhiber que des vagues observations d’une vie vaine. Plutôt la vie intérieure d’un homme en effervescence, hypersensible, tremblant, encaissant les coups, les donnant. Cette remontée en surface d’une vie antérieure, celle de son père, ombre mortifère, l’empêche de prendre l’élan nécessaire pour que les petits poisons s’évacuent et que Stanislas puisse s’évader.

- aristo-fan    


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